Salomé
d'après Oscar Wilde
Un monde de débauche et de meurtre, orchestré par une femme dont la sexualité
n'est qu'un jeu de pouvoir et d'amour contre toutes les mœurs.
Adulte Troupe Durée : 1 h 20 mn Créé en octobre 2014 Déconseillé -16 ans
«Je vais parler de votre spectacle à mes amis !» «Il faut y aller !» «Merci de nous proposer un théâtre sans concessions ni préjugés.»
Marc D. par lettre
Gui sur BilletReduc
Didier sur BilletReduc
L'équipe
- Adaptation et mise en scène : Hazem El Awadly
- Scénographie : Jean-Marie Eichert
- Costumes : Hazem El Awadly
- Musique : Jonas Calvo
- Régie son et lumière : Hazem El Awadly
- Avec : La troupe du Théâtre Nout
À propos
Le tétrarque Hérode a épousé Hérodias, la femme de son défunt frère. Cette dernière a une fille du nom de Salomé. Salomé, princesse de Judée, captive tous les hommes, notamment son oncle et beau-père Hérode, au grand dam de sa mère. Un soir, elle entend une voix provenant d’une citerne. Il s’agit de celle d’Iokanaan, un prophète emprisonné par le tétrarque. Le prisonnier qualifie le mariage entre Hérode et Hérodias d’incestueux. Salomé, subjuguée par cette voix, n’a qu’une idée en tête : le voir et lui parler malgré les réticences des soldats.
S’ensuit alors une lutte pour le pouvoir pour savoir qui, de Salomé, d’Hérode ou d’Hérodias, obtiendra ce qu’il désire.
Sarah Bernhardt fut séduite par le rôle principal mais les répétitions furent interrompues quand la pièce fut interdite de représentation en Angleterre car elle contenait des personnages bibliques. La première de Salomé a eu lieu à Paris en 1897, alors qu’Oscar Wilde était emprisonné à cause de son homosexualité.
Intentions
Il était important pour moi de continuer à explorer l’homosexualité à travers mes mises en scène, c’est pour cela que cette histoire a été située dans une ville proche du Sodome et Gomorrhe biblique. Ces deux villes sont connues pour avoir été détruites par le soufre et le feu, victimes de la colère divine car on y maltraitait les minorités. La luxure omniprésente contraste avec les croyances religieuses de l’époque, où l’on parle de monogamie, de refoulement du désir sexuel qui est considéré comme un pêché. On est alors témoins d’une lutte pour le pouvoir entre la religion et l’absence de mœurs.
Par l’ajout des satyres qui véhiculent une forte énergie homosexuelle tout au long de la pièce, et en situant l’action dans un environnement arabe, je souhaitais apporter une nouvelle dimension à l’histoire afin qu’elle se rapproche d’évènements actuels comme le traitement des homosexuels dans les pays arabes.
Le spectateur est inclus dans l’espace scénique que ce soit par son intégration dans le décor qui l’entoure, ou par le travail frontal sur le jeu des comédiens. Il devient invité de la fête qui se déroule en arrière-plan et ainsi entre dans l’environnement des personnages.
Hazem El Awadly
Avis de la presse
« Fille d’Hérodiade », Salomé danse devant Hérode Antipas qui est peut être son père. Sous le charme, celui-ci lui accorde ses volontés. Sur le conseil de sa mère, elle réclame à corps et à cris la tête de Jean-Baptiste, qu’Hérode Antipas fait apporter sur un plateau.
Il s’agit bien de cet enfant dépourvu de désir qui apparaît dans l’épisode néotestamentaire et devient un personnage de tentatrice sensuelle pour inspirer les artistes et en particulier Oscar Wilde qui en écrit une très belle version en Français en 1891. C’est cette œuvre superbe et scandaleuse qu’Hazem El Awadly a décidé de mettre en scène au Théâtre Nout à Saint Denis (93).
Avec ce talent natif du metteur en scène Égyptien pour les maquillages autant que pour les costumes qu’il crée lui-même, on est vite plongé dans l’histoire profane des origines qui a pu assurément orienter Oscar Wilde. À croire qu’Hazem El Awadly est un visionnaire perspicace de l’imagination des auteurs qu’il met en scène. On peut le confirmer en ayant déjà vu son travail scénographique admirable dans une autre pièce qu’il nous fut donné de voir en ce même théâtre (Le Livre Blanc de Jean Cocteau).
Ce Théâtre Nout est une nef au sens littéraire du terme comme on l’utilisait au Moyen-âge en ancien français : une sorte de bateau, de navire dans lequel les spectateurs voyagent vers une destination mystérieuse voire ésotérique. Jouer cette pièce d’Oscar Wilde, c’est aussi rendre hommage à l’audace militante d’un auteur prêt à renoncer à sa nationalité britannique, accusé à l’époque dans son propre pays d’avoir honteusement mis en scène des personnages bibliques.
On retrouve là encore dans le jeu des comédiens, dans leur posture, leurs costumes et leurs maquillages des clichés de visages diaphanes ou de drapés identifiant dans un rôle fait pour elle la grande Sarah Bernhardt dans sa prestation d’époque. Qu’importe la pruderie de ceux qui verront dans cette pièce trop de nudité.
La nudité, la sensualité, et l’amour doivent réellement apparaître dans cette tragédie et c’est ce qu’a vraiment réussi Hazem avec ses comédiens qui en plus d’incarner tous brillamment un rôle fait pour chacun d’eux, nous donnent à voir leur corps épanouis et gracieux.
Cette pièce est un petit bijou d’esthétique et d’histoire à voir absolument !
Yves-Alexandre Julien, sur theatrotheque.com, le 2 novembre 2014